Il y a 20 ans, Tréornou, première piscine brestoise, fermait ses portes. Vétuste, elle était vite remblayée. Hier, première journée 2013du patrimoine,le lieu était ouvert aux souvenirs. « Et s’il reprenait vie ? »
Sur la pelouse qui jouxte les courts de tennis en terre battue du TC Brest, propriétaire de l’endroit, il ne reste de la piscine en plein air de Tréornou qu’un bout des gradins, à la peinture bleue passée.Autrefois, ils abritaient les vestiaires où Marcelle Saluden était employée, de 1947 à 1954.« Je revois tout ça avec beaucoup d’émotion », se remémore Jeannine, sa fille. Elle-même a tenu la buvette de Tréornou pendant cinq ans. « C’était un bâtiment, en bas. Juste dans le trou, là, désigne-t-elle de la main. Je vendais des jus de fruit, de la bière, des glaces. Beaucoup de glaces. Et tous les bonbons de l’époque. Peut-être que je me trompe mais j’ai l’impression qu’il faisait plus beau, plus chaud. La piscine était ouverte du 15 mai au 15 septembre. L’eau n’était pas chauffée. Elle était froide mais nous n’étions pas frigorifiés ».
Alors en pleine campagne
« En 1935, un accord avait été trouvé pour l’utilisation d’un ancien bassin-réservoir de l’armée américaine, à Tréornou, alors en pleine campagne », rappelle un des panneaux déployés, hier et aujourd’hui, sur le site. Les immeubles de Kérédern, qui bordent désormais le lieu, étaient encore bien loin de sortir de terre.« Les adhérents du Club nautique brestois ont consacré 6.000 heures de bénévolat à aménager ce réservoir en piscine, à partir de matériaux de récupération du vieux vélodrome de Kérabecam, à l’emplacement actuel de l’hôpital Morvan ». La piscine en plein air de Tréornou sera inaugurée en 1937, puis réaménagée en 1950, alors dotée d’un « grand » bassin de 25 sur 15 m, de deux plongeoirs de 5 m et de 3,50 m, ainsi que d’un « petit bain ».
Chaque année10.000 à 15.000 visiteurs
« Dès lors, de mai à septembre, Tréornou vit au rythme des compétitions et des jeux nautique de toutes sortes », se souviennent les historiens du quartier de Lambézellec. Le site accueille 10.000 à 15.000 visiteurs par an. Il est choisi par la Fédération française de natation pour recevoir, en juin 1951, la rencontre internationale France-Angleterre de natation, de plongeon et de water-polo.Sur les pelouses, qui invitaient les familles au pique-nique, tous les gamins du coin se pressaient aussi. Ceux de Guilers, de Landerneau, des communes alentours… « Personne n’avait peur de la noyade. Il y avait une certaine inconscience, abonde Jeannine. Il ne se passait jamais de drame. Oh, il y a bien eu deux ou trois fois des réanimations. La grille était là, à la place du PLL (NDLR : Patronage laïque de Lambézellec). On me disait : « Jeannine, appelle les pompiers ». Et, quand ils arrivaient, le maître-nageur avait fait ce qu’il fallait ».En 1966, la construction de la piscine Foch, couverte et chauffée, fait concurrence à Tréornou. « Elle sera fermée en 1993. C’était une question de vétusté et de mise aux normes. Ça serait revenu trop cher, indique Michel Quinquis, membre de l’association Mémoire de Lambézellec. Pour les Brestois, la piscine Foch la remplaçait avantageusement. Pour les habitants de Lambé, pour ceux qui ne partaient pas en vacances, ça a été une perte ».Et si le lieu reprenait vie ? C’est l’ambition du conseil consultatif de quartier, du centre social de Kérédern et de Mémoire de Lambézellec, en quête de témoignages et de photos.